La Ville de Barneville-Carteret et le Kiosque des Dunes ont le plaisir de vous présenter l’exposition de l’artiste plasticienne OÏJHA:
FÉROÉ – Amour aux Péris en Mer
du 5 au 17 octobre 2024, Salle du Parc
Commissaire de l’exposition: M. Jean-Pierre Chéret
Histoire d’une rencontre et d’une traversée en mer du Groenland, elle met en valeur l’œuvre éponyme réalisée en 2024 et présente pour la première fois en France l’ensemble des collections conçues en Arctique depuis 2018: SASSUMA ARNAA, ISSINEQ, PUISI KINTSUGI, AURORAS CORPUS, ainsi que les Lieux-Organiques-de-Transcendance.
7 ans de création au Groenland ont permis l’exploration du désert polaire dans ses dimensions d’espace et de temps comme une invitation à nous relier à ce qui est plus grand. De l’infinie nuit polaire au soleil de minuit, l’immersion au contact du peuple Inuit du village d’Akunnaaq ouvre une porte vers l’imaginaire de l’Arctique : transcription de l’expérience d’un réel augmenté.
Peintures BodySoul Print©, photographies, objets conceptuels et linogravures. Encre de seiche, indigo végétal, or pur, eau de banquise et fourrure de phoque (certification CITES).
FÉROÉ – œuvre éponyme
BodySoul Print©
Encre de seiche, indigo végétal, brou de noix et or pur 24 carats sur toile de lin
7 toiles – ensemble 1 œuvre, pièce unique
FÉROÉ raconte l’histoire d’une rencontre et d’une traversée. Expérience d’amour inconditionnel, elle relate une navigation effectuée en 2022 de France en Islande. Sur la route, l’archipel des Féroé : roc noir dans l’immensité, dissout dans les tempêtes, haut lieu des péris en mer.
38e jour de traversée.
Contrairement à ce que l’on m’avait dit, contrairement à ce que j’espérais, je suis chaque jour plus malade, affaiblie, terrassée par le mal de mer. Bientôt incapable de me lever, je ne peux pas faire mes quarts et l’équipage prend mon relai. Au-delà de la honte et de la colère, je suis brassée, chaque minute, chaque heure, chaque nuit, chaque journée… bientôt le temps n’existe plus et j’abandonne toute résistance et toute dignité.
Depuis ma couchette sous la mer, j’entends les bruits du dessus, ceux des côtés, du dessous et des profondeurs. Immergée dans le grand océan, la coque semble si fine, membrane de perméabilité. J’écoute. J’écoute et en secret les entends, toujours plus présent.e.s, ces péri.e.s en mer, hommes, femmes, enfants…
Vous êtes là n’est-ce pas ? C’est lorsque je ferme les yeux que je vous vois. Vous m’effrayez. Que me voulez-vous ? Votre aspect est horrible et vous me terrifiez. Vous, les errant.e.s, sans sépulture chez les vivant.e.s, les disparu.e.s… est-ce possible ? On ne disparaît que pour ceux qui ne voient plus. Mais en vrai, le corps est dans la mer, le corps devient la mer et le grand océan premier. Alors, je vous entends et je vous reconnais. Vous murmurez puis vous criez et vos râles m’empêchent de dormir.
Confinée dans le ventre du voilier, il n’y a plus pour moi ni jour, ni nuit, les limites sont gommées. J’ai envie de m’enfuir mais je ne peux que rester. Et, doucement, vous apprivoiser. D’heure en heure, votre présence se fait plus réelle et bientôt je peux même vous parler. Vous qui êtes isolé.e.s, muets, je vous entends et ce que je reçois de vos voix oubliées est colère, injustice, une tristesse infinie du fond de l’océan. Oui. Oui mais qu’y puis-je ? Vous êtes impuissants ? Et je n’ai pas la clef.
Sauf dans un élan.
Quelque chose d’inavoué, la puissance du cœur et la lumière se crée.
Contre moi.
Péri en mer, lorsque je te serre contre moi, ton corps est décharné. Mais à l’instant du toucher, tu apparais. Dans ta chair, et je pleure, tu apparais. Je te serre et je t’aime d’être venu à moi, de m’avoir contacté pour cette expérience ultime d’être incarné.e.
Amour inconditionnel.
Mes larmes sont salées.
Depuis, quand j’y retourne, vous m’êtes familiers, péri.e.s en mer des Féroé.
Oïjha