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AURORAS CORPUS

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AURORAS CORPUS

Qammavinguaq, Groenland. A bord du navire Le Manguier : sept toiles de lin froissées (2,10 x 1 mètre), 2 litres d’encre de seiche. 20 heures de nuit par jour, terrain de jeu rêvé pour une exploration des aurores boréales. Je suis ici pour une expérimentation artistique des sensations et perceptions liées à ce phénomène, dans mon corps. Mon corps sensible, corps-conscience, récepteur et émetteur des mondes extérieur et intérieur, outil de perception, de transcription et d’expression d’états d’être mouvants. Au contact de l’aurore boréale, que se passe-t-il, en surface et dans l’intime ? Peindre en dansant, ou comment dire le « Monde sans Mots ». Un processus de création en trois phases :

Phase 1 : Intégration et transcription des sensations physiques :

Observation. Les aurores apparaissent, bougent, se déplacent. De part en part, elles traversent tout l’espace. Je peux les voir, les sentir comme d’immenses frissons, les respirer et, progressivement, les intégrer au plus profond de mon être. Plongée et projection. Corps en état d’extase, ouvert jusque dans mes moindres cellules, dans l’accueil du phénomène. Exploration en 3D, suspension, vibration. Alors, les deux espaces se confondent et je ne suis plus distincte du monde extérieur. Mon corps entier est là, témoin de cette fusion. Dans l’intimité de la salle des machines du Manguier, transcription dansée sur toile avec encre de seiche : une applique intégrale du corps en état de fusion avec cet univers d’aurores.

Phase 2 : Intégration et transcription de l’émotion et de l’imaginaire :

A l’état premier de fusion se superpose un état de contemplation dans lequel émergent des images et les émotions qui y sont liées. Ici et maintenant alors que les aurores prennent tout l’espace, figures animales multiples, et dans le silence de la nuit, le bruit assourdissant de leur traversée. Dans l’infini du ciel se dessinent des constellations nouvelles où le narval rejoint le phoque, le renne, le beluga ami dans une danse ancestrale, poétique, sublime. Dans l’intimité de la salle des machines du Manguier, transcription dansée sur toile avec encre de seiche : sur ma peau, je trace le souvenir des animaux, traces rythmées du pelage des phoques, tracé des bois de renne, sillage du narval… érotisme organique et symbolisme, indissociés, dans un acte rituel de reconnaissance. Je ne suis rien d’autre que mon imaginaire.

Phase 3 : Intégration et transcription du mouvement premier :

A ces états de fusion et de contemplation se superpose un état de danse inhérent au phénomène. Danse du sensible originel, de la joie d’appartenance cosmique, du plaisir d’être incarné. Il suffit alors de suivre le mouvement dans les muscles, trajets tantôt vifs et précis, tantôt diffus et enveloppants. Visibles, invisibles, en surface et en profondeur, suivre l’énergie dans la matière jusqu’à son jaillissement, essentiel unique. En plein air, sur la banquise, transcription dansée sur toile avec encre de seiche: au moment ultime, laisser danser ce qui est. L’aurore devient matière.

Dans cette expérimentation des aurores boréales, dimensions corporelle et transcendantale se rejoignent dans un élan unique, où le corps est véhicule incarné d’une énergie première. Transcription du sensible.