DEMARCHE ARTISTIQUE
Conversion Spirituelle du Présent
« Dans le Silence et l’obscurité, un état de méditation et de clairvoyance. Le temps n’existe pas. Tout est suspendu dans ce moment de grâce. Vivance de l’Extase. Fulgurance. Perméabilité. Je parle de cet instant précis où s’ouvre la brèche du présent. Vertige d’être vivant où s’efface le « Je » dans la fusion originelle, primordiale, ancestrale. A la lisière de l’infini où tout se concentre, un vortex se créée. Transe. Patience. Attente du jaillissement. A cet instant seulement, j’imprime cet état d’être. Le monde sans mot, sans représentation, sans concept. La fusion, la communion. Suaire de Vie. Mon corps touche la toile : l’immatériel devient matière et je dis.
Je dis d’indicible.
J’en fais l’impression par mon corps-conscience, indissociés. Je suis canal du Cosmos qui m’entoure. Sans intention, sans pensée, chaque œuvre en est la trace. L’instantané. Depuis l’autre côté, la manifestation de toutes les forces qui habitent le non-être, l’inconscient collectif à ce moment précis. Le Sacré. Une certaine empreinte de l’infini. L’encre de seiche est mon Outrenoir. L’or pur, la lumière faite matière. Ici, dans la fusion, je recherche l’Essence et le dénuement.
Je dis l’expérience transcendantale et l’ancestralité.
Je choisis l’Arctique où je vis sur la banquise, cette membrane d’eau de mer gelée, point de jonction entre l’océan et de la nuit polaire. J’y retrouve la trace des lignées. Comme les Inuit, je mange le phoque et sa fourrure me protège. En méditation, je recouds les cicatrices naturelles de l’animal mythique – Kintsugi – elles deviennent trésors. Absorbée en prière, perles après perles, un costume se créée sur le corps du Chamane, seconde peau, membrane. Dans l’immense nuit polaire, je trace à l’or pur des points d’accès, Lieux-Organiques-de-Transcendance. Je me couche sous les aurores boréales et une empreinte apparaît, indigo pur, la transcription des forces en présence par mon corps-conscience posé là. Je me glisse dans la brèche des lisières de glace, point d’accès vers la matrice primordiale. Ici encore, l’environnement polaire me définit, me donne forme humaine – Inuk – et dans l’exact même temps me dissout dans ce désert de glace.
C’est ainsi qu’au-delà des impressions visibles de mon corps se manifeste le champ infini des forces en présence. Comme aux temps premiers dans un art pariétal vivant.Incarnation de la déité et transcendance dans la Joie de Vivre. Par ces clefs je dis ce que nous avons oublié. Les liens matriciels. La matière que nous sommes. Ici et maintenant, le feu sacré qui nous anime, qui nous-donne-une-âme. »